25 avril 2013

Sur les rives de la Monongahela


Comme tous les lundis, Paul Reynal[i], employé de l’American Window Glass Company dans le comté de Westmoreland, éprouve quelques difficultés à se concentrer sur la tâche quil a à accomplir. Les aiguilles du cadran ne vont pas assez vite à son goût. Le lundi est traditionnellement le jour du championnat paroissial et en ce 28 juillet 1913, léquipe des Presbytériens doit affronter celle des Luthériens dans laquelle son ami denfance Ray McKee est lanceur, autant dire quil a hâte de le voir à lœuvre.

22 avril 2013

La All-Paris League (4ème partie) – Le diagnostic


Après seulement quelques semaines, les journalistes américains commencent à établir un premier bilan sportif. Ils relèvent qu’il reste bien des progrès à accomplir aux Français, qui n’ont aucune difficulté à la batte mais « lancent comme des filles » et n’arrivent pas à intégrer le concept du slide, tout concentrés qu’ils sont à faire en sorte ni de se salir ni de paraître débraillés... William Simms, correspondant à Paris pour United Press, rapporte ainsi dans un article pour The Mansfield Shield qu’il a assisté à une scène assez amusante au cours de laquelle Tod Sloan essayait de démontrer l’utilité de la glissade à ses jeunes joueurs : au moment où il effectua délibérément son slide, tous les joueurs se précipitèrent instantanément tout affolés vers lui pour l’aider à se relever, lui demander comment il avait fait pour tomber et s’il ne s’était pas fait trop mal…[i] Ce même Simms explique, dans un article paru dans The Toronto Sunday World[ii], que lorsqu’un lanceur touche malencontreusement un batteur en lançant sa balle le match s’arrête plusieurs minutes afin que le lanceur puisse lui présenter ses excuses. Simms, encore et toujours mais pour The Saskaton Phoenix[iii] cette fois, s’étonne de ce que les Français, dont la réputation sous la canonnade n’est plus à établir, puissent à ce point avoir peur d’une si petite balle. Il nuance toutefois son sévère jugement en soulignant qu’ils apprennent si vite qu’ils seront certainement en mesure de participer au championnat dès l’été prochain et qu’ils débordent d’enthousiasme pour cette nouvelle discipline : « Ils l’appellent Ze national game of ze France ».

15 avril 2013

La All-Paris League (3ème partie) – La contagion


Le virus gagne les établissements scolaires parisiens les uns après les autres, notamment l’Ecole Libre Pascal, les Lycées Fénelon et Bossuet, mais également les Boy Scouts. Nous pouvons lire dans The San Francisco Call que
« l’Ecole Pascal est en tête du championnat interscolaire […] plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées sur le terrain de Bagatelle dans le Bois de Boulogne pour assister au match entre l’équipe du Lycée Condorcet menée par son capitaine M. Jacques de Saint Maurice et celle de l’Ecole Pascal, menée par M. J. Coudert […] Les gars de Pascal ont largement battu ceux de Condorcet sur le score de 27 à 8. Le lanceur Gervais [de] La Fontaine, petit-neveu du poète, s’est illustré au lancer. » [i]

12 avril 2013

La All-Paris League (2ème partie) – La fièvre


Evoquant le phénomène du baseball à Paris en mai 1913, le Sunday Chronicle[i] parle littéralement d’une fièvre collective, d’une tempête qui s’est soudainement abattue sur la ville : « Les magasins de sport font des stocks de balles, de battes, de masques, de gants pour pouvoir faire face à la demande croissante ». Voilà qui doit certainement faire le bonheur de Burgess. « Plusieurs centaines de spectateurs curieux ont fait le déplacement jusqu’à Colombes il y a quelques jours pour voir le premier match joué officiellement par le Racing Club. Au fur et à mesure que le match progressait, les Parisiens étaient de plus en plus fascinés et, à la fin de la neuvième manche, chacun se promettait d’essayer de jouer ».


10 avril 2013

La All-Paris League (1ère partie) – L’inoculation


Les préparatifs pour le lancement du championnat, ou de la « All-Paris League », comme certains l’appellent déjà, ont été menés particulièrement consciencieusement[i]. Sous l’action conjuguée et les efforts de l’Union Française du Base Ball, de l’A.B.B., du Comité de Paris et des différents clubs, la pratique va prendre une ampleur inédite en l’espace de quelques mois.

8 avril 2013

A la recherche de la Commission Centrale de Base-Ball

Peu de temps après la fondation du Comité de Paris, le Bureau du Conseil de l’U.S.F.S.A. se réunit le 29 avril 1913 sous la présidence de Pierre Roy. Les autres membres du Bureau à assister à la séance sont Frantz Reichel, Secrétaire Général, Paul Champ, Enderlin, Paul Ferrand, Pierre Gillou, Henri Glin, Louis Le Bel, Lemercier, Prétavoine, Savineau, Vialla, Vieillard. Suivant lordre du jour et après délibération, le Bureau charge Allan Muhr de former une Commission Centrale de Base-Ball et den soumettre la composition à l’approbation du prochain Conseil[i]. En d’autres termes, le développement du baseball s’apprête à franchir une étape supplémentaire avec la mise en place d’une organisation véritablement à l’échelle du pays.


5 avril 2013

Muhr et le Comité de Paris

Depuis sa constitution, la grande fédération omnisport (l’U.S.F.S.A.) reconnaît certes pleinement l’existence du baseball mais le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’a pas été très active dans ce domaine particulier. Puisqu’il existe déjà des clubs à Paris depuis fort longtemps, il suffirait pourtant de faire un simple effort d’organisation et de communication pour dynamiser leurs activités. Concrètement, la première étape devrait être la constitution d’un comité regroupant ces clubs en un organe local de la fédération ; la seconde étape devrait consister à créer des clubs en province et à les rattacher à un nouveau comité ; la troisième enfin devrait être la fondation d’une commission centrale de baseball regroupant les comités locaux au sein de la fédération. En soi, rien de bien sorcier au fond.


3 avril 2013

Burgess et l’Association de Base Ball du Lycée Condorcet


Parallèlement à lUnion Française de Base Ball fondée par Messerly, le newyorkais William H. Burgess se lance en 1913 dans une initiative qui peut sembler un peu folle mais qui porte visiblement rapidement ses fruits. Il explique innocemment au journaliste de l’Evening Independent qui l’interroge[i] les circonstances dans lesquelles ce projet a germé dans son esprit et finalement vu le jour : Son employeur l’a envoyé à Paris pour développer le marché européen. Il a proposé d’emporter un stock d’équipement de baseball, ce que son employeur a tout d’abord pris pour une plaisanterie, lui disant « Ils ne jouent pas au baseball là-bas et n’y joueront jamais ». Il lui aurait alors rétorqué : « Ils y joueront lorsque je leur aurai appris ». A son arrivée en France, ses collègues ont éclaté de rire lorsqu’il leur a fait part de ses idées.

1 avril 2013

Mais qu’est-ce que le baseball ?


Nous l’avons vu précédemment, l’ascension fulgurante de Thorpe et sa chute icarienne ont été l’occasion de faire découvrir le baseball à un large public français, faisant passer assez brutalement ce sport de l’ombre à la lumière. Une fois dépassé le stade de la surprise, un très grand nombre de journalistes français s’attachent à en savoir un peu plus sur le sujet, c'est-à-dire au-delà du simple phénomène Thorpe. Ceci donne l’occasion aux lecteurs, même en province, d'apprendre deux ou trois choses fort utiles sur cette discipline en ce début d'année 1913.